J'Équilibre - La nutrition de A à Z La nutrition de A à Z

Boissons alcoolisées : consommation et excès – Biblio

Illustration

Photo Pixabay - Unsplash

Articles liés

Boissons alcoolisées, une marge étroite. En un clin d’œil

Les boissons alcoolisées : les risques d’excès

Les boissons alcoolisées : de la modération à l’excès

Sommaire

Consommation d’alcool en France et excès

Binge drinking et consommation d’alcool à l’adolescence

De la modération à l’excès

Alcool et cancers

Consommation d’alcool et mortalité générale

Consommation d’alcool en France et excès

Effets de la consommation d’alcool en France. Dans cette suite d’articles, les auteurs constatent une consommation d’alcool stable en 2017 par rapport aux années précédentes ; Il existe cependant une frange de très gros buveurs : 10% des 18-75 ans consomment 58% de l’alcool consommé. L’impact de l’alcool sur la mortalité est élevé : on estime que 7% des décès chez les plus de 15 ans est attribuable à l’alcool (chiffres de 2015). Un jeune sur 10 consomme de l’alcool au moins 10 fois dans le mois et 44% des jeunes ont déjà eu une alcoolisation ponctuelle importante. Les motivations principales chez les jeunes sont une forme de socialisation festive, le marketing et l’offre jouent un rôle, et on observe enfin un déni du risque. Consommation d’alcool, comportements et conséquences pour la santé. Bourdillon A., Richard JB et coll., Bonaldi C et coll., Philippon A et coll., Obradovic I et coll., 2019. BEH, 19 février 2019. http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2019/5-6/pdf/2019_5-6.pdf

Alcool et hospitalisation en France. L’alcool, une des toutes premières causes d’hospitalisation en France. Paille F et coll., 2015. BEH, 7 juillet 2015.  http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2015/24-25/pdf/2015_24-25_1.pdf

Chiffres sur la consommation et les modes de consommation d’alcool en France. Evolutions, Résultats d’études et de recherches en prévention et en éducation pour la santé, Richard JB et coll, La consommation d’alcool en France en 2014, n°32, Avril 2015.   http://inpes.santepubliquefrance.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1632.pdf

Chiffres sur la consommation et les modes de consommation d’alcool en France.Données épidémiologiques sur la consommation d’alcool, 2009. Société Française d’Alcoologie et Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie.   http://www.sfalcoologie.asso.fr/download/3_donneesepidemiologiques_sfa2009.pdf

Binge drinking et consommation d’alcool à l’adolescence

Une consommation excessive d’alcool datant de l’adolescence est associée à des anomalies de connexion des neurones dans une région du cerveau, l’amygdale. Cette région est impliquée dans la régulation des émotions. Ces anomalies sont persistantes, détectées en l’occurrence à 55 ans. The lncRNA BDNF-AS is an epigenetic regulator in the human amygdala in early onset alcohol use disorders. Bohnsack et coll., 2019.  Translational Psychiatry , doi : 10.1038/s41398-019-0367-z.   https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30728347 

 Etude de suivi d’adolescents, observe que les jeunes « extrême binge drinkers » (au moins 10 verres par occasion) ont de moins bons tests d’apprentissage verbal et de mémoire et de rappel à court terme que les autres, alors que 6 ans plus tôt tous étaient comparables. Il existe par ailleurs un effet dose-dépendant de l’alcool sur les tests d’apprentissage verbal. Learning and Memory in Adolescent Moderate, Binge, and Extreme-Binge Drinkers. Alcoholism: Clinical and Experimental Research, Nguyen-Louie TT et coll, 2016; DOI: 10.1111/acer.13160.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27462830

Cette étude compare des adolescents « binge drinkers » (plus de 8 unités chez les hommes et 6 chez les femmes), au moins deux fois par semaine, à des « non binge-drinkers » ; les binge drinkers ont une perturbation de la mémoire prospective (avant visionnage d’une séquence de film, les participants ont pour consigne de relever des détails précis quand apparait une situation donnée). Does binge drinking in teenagers affect their everyday prospective memory? Drug Alcohol Depend, Heffernan TT et coll, 2010. doi: 10.1016/j.drugalcdep.2009.12.013.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20071106

Dans cette revue, les auteurs indiquent que dans un premier temps, chez des adolescents, le cerveau peut recouvrir suite à des épisodes d’alcoolisation, mais une exposition prolongée pourrait interférer avec un fonctionnement neurologique normal. The effect of alcohol use on human adolescent brain structures and systems. Handb Clin Neurol, Squeglia LM et coll, 2014, doi:10.1016/B978-0-444-62619-6.00028-8.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25307592

Chez des adolescents « binge drinkers », les auteurs observent des anomalies cérébrales en imagerie par résonnance magnétique (anisotropie fractionnelle de 6 régions cérébrales diminuée), significativement liée au nombre d’épisodes de gueule de bois ou pics d’alcoolémie estimés. Les participants ont 18 ans en moyenne, les binge drinkers ont eu 54 épisodes au cours de leur vie, ont pris 15 boissons par mois sur les 3 derniers mois, 8 boissons en une occasion.Altered White Matter Integrity in Adolescent Binge Drinkers. Alcoholism: Clinical and Experimental Research, McQueeny T et coll, 2009, DOI: 10.1111/j.1530-0277.2009.00953.x.   https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19389185

Chez des jeunes âgés de 16 à 19 ans « binge drinkers », les auteurs observent une diminution du volume du cervelet. Par ailleurs, en suivi à long terme sur 10 ans, ils retrouvent une amélioration des fonctions exécutives (capacité à réagir à une situation de façon raisonnée) en cas d’abstinence, laissant espérer que l’abstinence prolongée puisse inverser les effets négatifs observés à l’adolescence.Recent binge drinking predicts smaller cerebellar volumes in Adolescents. Psychiatry Res, Lisdahl KM et coll 2013, doi:10.1016/j.pscychresns.2012.07.009.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23154095

Etude de suivi sur 2 ans, d’étudiants 1) « non binge-drinkers », 2) « binge-drinkers » tout au long de l’étude, 3) « anciens binge-drinkers » et début mais pas en fin d’étude. Les binger-drinkers  performent moins bien sur des tests de mémoire, que les anciens et non binge-drinkers.Binge drinking trajectory and neuropsychological functioning among university students: a longitudinal study. Drug Alcohol Depend. Mota N et coll, 2013, doi: 10.1016/j.drugalcdep.2013.05.024.   https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23791027

De la modération à l’excès

Dans cette étude aux USA, chez des adolescents qui n’ont jamais ou modérément bu, les auteurs étudient l’exposition à de la publicité télévisée sur l’alcool. Les publicités sont classées selon leur caractère festif ou pas. Les publicités « festives » favorisent le commencement de la consommation d’alcool et le binge drinking. The party effect: prediction of future alcohol use based on exposure to specific alcohol advertising content. Addiction. Morgenstern M et coll, 2016 Jun 24. doi: 10.1111/add.13509.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27343140

Dans cette revue, les auteurs estiment que l’exposition à des communications commerciales sur l’alcool sont associées au commencement de la consommation par des adolescents voire à l’augmentation de consommation chez ceux qui boivent déjà. Impact of Alcohol Advertising and Media Exposure on Adolescent Alcohol Use: A Systematic Review of Longitudinal Studies. Alcohol & Alcoholism Anderson P et coll, 2009, Vol. 44, No. 3, pp. 229–243.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19144976

Sachant que la transgression des normes sociales est un élément clé de la consommation d’alcool chez certains jeunes, des messages de santé publique qui proscrivent ces pratiques avec force morale s’exposent à la subversion et risquent d’être contreproductifs.   Transgressive drinking practices and the subversion of proscriptive alcohol policy messages. Journal of Business Research, 2015 Hackleya C et coll,  DOI: 10.1016/j.jbusres.2015.03.011.  http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0148296315001253

Selon certaines études une consommation élevée d’alcool en fin d’adolescence se prolonge à l’âge adulte et est associée à des problèmes d’alcoolisme, dont la dépendance. Bien que des liens avec la santé physique et mentale adulte et les conséquences sociales soient avancés, les données sont de qualité insuffisance pour établir la causalité. Adult Consequences of Late Adolescent Alcohol Consumption: A Systematic Review of Cohort Studies. PLoS Med McCambridge J et coll, 2011 doi:10.1371/journal.pmed.1000413.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21346802

De cette recherche réalisée en Allemagne, les auteurs rapportent que la prise du premier verre à un âge précoce, au moment de la puberté, perturbe à l’âge adulte le système neurologique de « récompense », impliqué dans les conduites d’addiction ; cet effet est plus important que si le premier verre a été pris après la puberté. Association between pubertal stage at first drink and neural reward processing in early adulthood. Addict Biol Boecker-Schlier R et coll, 2016. doi: 10.1111/adb.12413.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27345375

Alcool et cancers

Grande étude de suivi, prospective, européenne ; d’après le nombre de cancers survenus au cours du suivi et de la consommation d’alcool des participants, les auteurs estiment que 10% de la survenue des cancers sont attribuables à une consommation excessive d’alcool ancienne, et 3%, actuelle. Alcohol attributable burden of incidence of cancer in eight European countries based on results from prospective cohort study. Schütze M et coll, 2011. doi: 10.1136/bmj.d1584.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21474525

Dans cette revue, l’auteur indique que l’alcool peut causer les cancers du pharynx, larynx, œsophage, foie, colon, rectum et sein. Les estimations actuelles suggèrent les cancers attribuables à l’alcool représentent  5,8% de la mortalité par cancer dans le monde. Alcohol consumption as a cause of cancer. Connor J, Addiction, 2016, doi: 10.1111/add.13477.   https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27442501

Dans cette analyse d’études, les auteurs relèvent que les consommations légères d’alcool (jusqu’à un verre par jour) augmentent les cancers de la bouche, du pharynx, du sein, de l’œsophage ; les cancers du foie, du larynx et du colon sont augmentés pour des consommations plus élevées. Light alcohol drinking and cancer: a meta-analysis. Ann Oncol, Bagnardi V et coll 2013, doi: 10.1093/annonc/mds337.   https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22910838

Consommation d’alcool et mortalité générale

Dans ce suivi d’une population d’adultes aux USA de plus de 333000 personnes, sur 8,2 ans, une consommation légère (moins de 3 verres par semaine) à modérée (4 à 14 verres par semaine) d’alcool, comparée à l’abstinence chez des personnes qui n’ont jamais bu, est associée à une baisse de la mortalité générale de 21 à 22%, et cardiovasculaire de 26 à 29%. En contraste, une consommation importante est associée à une augmentation de la mortalité générale de 11%, par cancer de 27%. Les consommations aigües d’alcool, au moins une fois par semaine, sont associées à la mortalité générale de 13% et par cancer de 22%. Relationship of Alcohol Consumption to All-Cause, Cardiovascular, and Cancer-Related Mortality in U.S. Adults. Xi B et coll, 2017. Journal of the American College of Cardiology, DOI: 10.1016/j.jacc.2017.06.054.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28818200

Dans ce suivi de personnes issues de différentes études, soit près de 600000 consommateurs d’alcool indemnes de maladies cardiovasculaires au départ, suivies environ 5 ans et demi, le risque d’AVC augmente en moyenne de 14% pour chaque incrémentation de 100 g d’alcool par semaine. Celui de maladies coronariennes hors infarctus de 6%, d’insuffisance cardiaque de 9%. En revanche le risque d’infarctus du myocarde diminue. Comparée à une prise de plus de 0 à 100 g d’alcool par semaine, la consommation de 100 à 200 g baisse l’espérance de vie à 40 ans de 6 mois, et pour 200 à 350 g d’alcool, baisse de 1 à 2 ans, et pour plus de 350 g, baisse de 4 à 5 ans. NB : cette étude ne comprend donc aucun non buveur (abstinent) et ne permet donc pas de comparer l’abstinence aux consommations faibles à modérées. Wood AM et coll, 2018. Risk thresholds for alcohol consumption: combined analysis of individual-participant data for 599 912 current drinkers in 83 prospective studies. Wood AM et coll, 2018. Lancet, doi: 10.1016/S0140-6736(18)30134-X.   https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29676281

Etude de suivi, prospective au Royaume-Uni, chez des hommes dont la consommation moyenne d’alcool est de 2 à 3 verres par jour, les causes de mortalité pouvant être liées à l’alcool représentent 5% des morts totales (1% maladies foies, 2% de cancers de la bouche, pharynx, larynx, œsophage, 2% causes externes), et n’étaient significativement augmentées  que chez les hommes consommant plus de 2 verres/j. Les maladies vasculaires et respiratoires qui comptent pour plus de la moitié de la mortalité étaient plus rares chez les buveurs, avec une mortalité au total plus faible de 19%, y compris si anciens buveurs et buveurs actuels sont groupés ensemble. Mortality in relation to alcohol consumption: a prospective study among male British doctors. Int J Epidemiol, 2005, Doll R et coll, 34(1):199-204.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15647313

Dans cette étude de suivi, prospective, européenne, le risque supplémentaire de mortalité des « jamais buveurs » par rapport à ceux qui prennent de 0 à 4,9 g/j d’alcool est chez les femmes qui n’ont jamais fumé, de +34%, et chez les hommes de +50%. Pour plus de 30 g/j chez les femmes, le risque est aussi augmenté de +29% et pour plus de 60 g/j chez les hommes, +56%. Lifetime alcohol use and overall and cause-specific mortality in the European Prospective Investigation into Cancer and nutrition (EPIC) study. BMJ Open, 2014. Ferrari P et coll, doi:10.1136/bmjopen-2014-005245.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24993766

Dans cette analyse sur 34 études, les chercheurs observent que pour 2 à 4 boissons par jour chez les hommes et 1 à 2 chez les femmes, par rapport à aucune, il y a une baisse de mortalité totale de 17 et 18% respectivement. Des doses plus élevées sont associées à une augmentation de la mortalité.Alcohol Dosing and Total Mortality in Men and Women An Updated Meta-analysis of 34 Prospective Studies. Arch Intern Med, Di Castelnuovo A et coll, 2006;166:2437-2445.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17159008

Etude réalisée aux USA, la prise d’environ 0,5 (femmes) à 2 (hommes) boissons alcoolisées par jour, en comparaison de moins d’une par mois et en excluant les anciens buveurs, baisse le risque de mortalité générale de 13% chez les hommes et 20% chez les femmes. La prise d’au moins 3 boissons par jour augmente le risque de mortalité de 27% chez les femmes et 67% chez les hommes. Alcohol Consumption and Mortality Risks in the USA. Alcohol and Alcoholism, Rostron B et coll, 2012, doi: 10.1093/alcalc/agr171.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22278318

Mai 2017 © VDLG, mis à jour Avril 2019

 

Des conseils nutrition et santé

en avant première, en vous inscrivant à la newsletter