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Les boissons alcoolisées : les risques d’excès

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Les effets de l’alcool sur la santé, c’est un peu Dr Jekyll et M. Hyde. Il y a un monde entre les effets positifs à faible dose et ceux négatifs, à doses plus élevées : c’est la « courbe en J ». Les conséquences néfastes des excès  d’alcool sont connues depuis longtemps ;  cancers, accidents de la voie publique, morts violentes…  Les effets du « binge drinking », c’est-à-dire alcoolisations ponctuelles importantes, se précisent, à la faveur du développement de l’imagerie cérébrale et malheureusement, de l’augmentation de ce type de consommation.

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La montée préoccupante du binge drinking chez les jeunes

En France, si la consommation d’alcool globale est en baisse régulière depuis 1970, la consommation des jeunes, particulièrement des 15-24 ans, pose problème. Les épisodes de binge drinking sont de plus en plus fréquents : 28% de ces jeunes ont au moins un épisode par mois, et 41%, au moins une ivresse dans l’année. Un épisode de binge drinking, c’est la prise en une occasion, de 6 verres d’alcool pour un homme ou 4 pour une femme. Et un verre d’alcool, c’est environ 12,5 cl de vin,  25 cl de bière à 6°,  6 cl d’apéritif à 20°, 3 cl à 40°.  La situation est d’autant plus critique que le développement cérébral des adolescents n’est pas achevé, et est perturbé par les prises élevées d’alcool. Au-delà des risques d’accidents de la voie publique, de dépendance ultérieure, de maladies cardiovasculaires, on observe des altérations neurologiques.

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Oublier un rendez-vous

Des adolescents avec un comportement  binge drinking  important (au moins 10 verres par occasion), sur quelques années, auraient à terme de moins bons tests d’apprentissage verbal et de mémorisation à court terme que ceux qui ne boivent pas ; or 6 ans plus tôt, en début de suivi, tous étaient au même niveau. Plus la prise d’alcool est élevée, plus les tests sont perturbés. Ailleurs, la comparaison de binge drinkers (au moins 6 verres chez les femmes, et 8 chez les hommes en une occasion, au moins deux fois par semaine), à des témoins, a montré des troubles de mémoire prospective chez les binge drinkers : par exemple, une action comme se rendre à un rendez-vous prévu à l’avance est perturbée. Point interpellant, les jeunes concernés n’ont pas conscience de leur déficit et ne sont donc pas incités à arrêter leur prise d’alcool.

Anomalies à l’imagerie cérébrale

Côté imagerie du cerveau, on a observé chez des adolescents « binge drinker » des anomalies de la substance blanche, pour un épisode de 8 verres, tous les 15 jours ; une autre étude a montré avec une consommation similaire, une baisse du volume du cervelet, que les chercheurs traduisent ainsi :  « des adolescents qui boivent plus de 9 verres en une occasion ont une diminution de volume du cervelet de 1,8 cm3 par rapport à ceux qui boivent 3 verres au plus, en moyenne ; le cervelet est important pour la coordination et les capacités intellectuelles ».

Ces anomalies sont-elles réversibles ? Si l’abstinence montre des améliorations, on ignore encore si certaines altérations sont définitives ou non.

Photo Pixabay – nikolayhg

 

Doses excessives d’alcool dans la population générale

En France, on estime que l’alcoolisation aigue et chronique est responsable de 40000 à 50000 décès par an, cancers (foie, colon, rectum et larynx, au-delà d’une boisson par jour ; et pharynx et bouche, œsophage, sein pour toutes consommations), maladies cardiovasculaires (AVC, avec une courbe en « J ») et digestives, accidents et maladies mentales. Il est impliqué dans 30% des accidents mortels sur route (le risque apparait dès 0,2 g/l), 10 à 20% des accidents du travail, 40% des crimes et délits et 30% des violences conjugales.

Les excès d’alcool, c’est à dire la dépendance alcoolique et l’utilisation festive et massive d’alcool par les jeunes sont des fléaux de santé publique.Les axes essentiels de prévention sont

La lutte contre l’alcoolisation des jeunes est une priorité de santé publique : lutte contre la banalisation de l’alcool, réduction de l’exposition, prise de conscience des risques lourds pour la santé qui sont sous-estimés par eux. La dépendance à l’alcool doit être prise en charge psychologiquement et médicalement, sachant que de nouvelles voies thérapeutiques s’ouvrent peut-être actuellement.

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Mai 2017, mis à jour Février 2019. © Viviane de La Guéronnière

 

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