Les aliments ultra-transformés, quels effets sur la santé ?

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Les aliments ultra-transformés, qu’est-ce que c’est ?

Ces produits proviennent du « fractionnement » d’aliments entiers,

dont on extrait diverses substances, selon les scientifiques qui décrivent cette catégorie. Ils sont donc formés de composants réarrangés pour former un nouvel aliment. Ces composants peuvent aussi avoir été modifiés chimiquement, et on peut y ajouter des additifs ou auxiliaires technologiques. En pratique, ces aliments doivent contenir au moins un ingrédient qu’on ne trouve que rarement ou jamais dans une cuisine. Il s’agit par exemple, du sirop de maïs à haute teneur en fructose, huiles hydrogénées ou inter-estérifiées, protéines hydrolysées, arômes, exhausteurs de goût, colorants, émulsifiants, édulcorants, épaississants et agents anti-moussants, gonflants, gazéifiants, moussants, gélifiants et glaçants.

Concrètement

Ce sont des confiseries, boissons gazeuses, jus sucrés et boissons lactées, poudres pour jus de fruits, saucisses, nuggets ou bâtonnets de poulet et de poisson et autres plats pré-préparés surgelés, produits secs tels que biscuits salés ou sucrés industriels, mélanges à gâteaux, soupes en poudre, nouilles instantanées, assaisonnements prêts, et une multitude de nouveaux produits dont des collations, céréales du matin, barres de céréales et boissons ‘énergétiques’ ; succédanés du sucre, édulcorants et tous les sirops (sauf le sirop d’érable à 100 %). Les pains et les produits de boulangerie deviennent des produits ultra-produits lorsque, en plus de la farine de blé, de la levure, de l’eau et du sel, leurs ingrédients comprennent des graisses végétales hydrogénées, lactosérum, émulsifiants, et d’autres additifs.

Parmi leurs caractéristiques, on retrouve :

Beaucoup de calories par rapport au poids de l’aliment (forte densité énergétique),
Beaucoup de sucres ajoutés et graisses saturés,
Peu de fibres et d’antioxydants,
Des additifs et auxiliaires de technologie.

Leurs effets sur la santé

Sur le poids

Dans différents pays du monde, plus il y a d’achats d’aliments ultra-transformés, plus les populations sont touchées par l’obésité.
De plus, on observe que les enfants qui en consomment le plus ont davantage de masse grasse.
Chez des adultes, une étude expérimentale a montré qu’une forte consommation de ces aliments pendant 15 jours augmente la prise calorique de 500 kcal/j, avec finalement une prise de poids de 0,9 kg ; on note aussi qu’ils sont consommés plus vite que les autres aliments. Au contraire chez les mêmes personnes, une alimentation riche en aliments non transformés réduit le poids de 0,9 kg, soit une différence de 1,8 kg entre les deux régimes.

On sait en effet qu’une densité énergétique élevée induit peu de satiété, réduit donc moins bien la faim avec à la clé une prise de calories plus importante. Par ailleurs, une prise élevée de sucres ajoutés favorise la graisse abdominale. Ces produits agiraient aussi sur le microbiote intestinal.

Les autres effets

Selon des études d’observations,

Dans l’étude française Nutrinet,
- Ces produits ont été associés au risque de cancer : plus 12% de cas pour une part de 10% (en poids) d’aliments ultra-transformés dans le régime.
- La mortalité augmente aussi , de 14% pour une part de 10% d’aliments ultra-transformés,
- celle de maladies cardiovasculaires de 12%,
- enfin le risque de dépression augmente aussi. Ici, on ne peut exclure que des difficultés de la vie personnelle ou sociale soient à l’origine de la surconsommation de produits gras et sucrés et non l’inverse : les études interrogent rarement sur le critère des difficultés de la vie.
Aux USA, on a observé que les plus gros consommateurs de produits ultra-transformés, comparés aux plus faibles, augmentent leur risque de mortalité de 31%.
En Espagne, on observe que chaque portion supplémentaire quotidienne de ces produits augmente le risque de mortalité de 18%.

Quels aliments ultra-transformés consomme-t-on dans l’étude française Nutrinet ?

Cette étude n’est pas représentative de la population française générale parce que les participants sont plus âgés et ont en moyenne un meilleur équilibre alimentaire. Toutefois, parmi les aliments ultra-transformés,

les sucreries représentent 28%,
les fruits et légumes transformés 18%,
les boissons sucrées 16%,
les céréales 12%,
les produits carnés 11%,
laitiers 8%,
les sauces et matières grasses 8%,
et les snacks salés 2%.

On remarquera qu’il s’agit essentiellement de sources végétales.

Comment interpréter ces observations ?

La prise de poids observée dans l’étude expérimentale montre que ces aliments sont au moins en partie responsables de la prise de poids ; les autres études sont des observations, pour lesquelles on peut toujours évoquer des biais, ou une relation non causale. Ceci étant les auteurs ont écarté beaucoup de biais en tenant compte de nombreux facteurs confondants. De plus, ces études commencent à se cumuler à travers le monde et les résultats sont, à ce jour, convergents.

Les excès de graisses saturées et de sucres ajoutés, avec le manque de fibres et nutriments essentiels sont déjà bien connus et peuvent contribuer aux observations ci-dessus ; un certain nombre de questions importantes ont été soulevées par les additifs et auxiliaires de technologies. Les conséquences des additifs, édulcorants et auxiliaires de fabrications doivent être davantage explorées, de même que l’effet « cocktail » global.

Ces données invitent à privilégier les aliments entiers naturels et à réduire la part des aliments ultra transformés dans l’alimentation ; la lecture des étiquettes est essentielle. Les additifs non indispensables doivent être évités, et de nouvelles solutions technologiques envisagées.