La soif
La privation d’eau a des conséquences vitales à court terme ; on ne peut se passer de ce fluide plus de trois jours … Boire régulièrement permet à notre corps de s’hydrater et de fonctionner. Bien sûr, la soif est la sensation qui nous incite à boire.
Lors d’un déficit en eau pure
Un signal tardif
En réalité, la soif est un signal tardif, la déshydratation étant alors déjà présente ; quand on a soif, la conservation d’eau par le rein (par la vasopressine), dont le seuil de stimulation est plus bas, est déjà engagée. Ce retard engendre souvent une déshydratation relative, la personne pouvant déjà présenter une déshydratation de 1% de poids corporel. La soif peut survenir à des niveaux d’hydratation variables selon les individus, les rendant plus ou moins vulnérables à la déshydratation. Les séniors sont particulièrement concernés. Chez eux, la situation peut être critique en ambiance chaude voire humide, la dégradation pouvant être rapide.
Les symptômes
Chez des personnes jeunes, une perte d’eau de 1 à 2,8% du poids du corps (se traduisant par une perte de poids de 0,5 à 1,7 kg pour une personne de 60 kg) provoque une sensation de soif, de sécheresse de la bouche, l’impression de tête lourde. Ils se sentent plus fatigués, leurs performances physiques sont moins bonnes, ils peuvent même avoir de la fièvre. Ils ont des difficultés à se concentrer ; leur capacité de mémoire n’est pas altérée mais il leur faut un plus long temps pour retrouver les éléments mémorisés.
Comment ça marche
Si ce déficit en eau survient lors d’une consommation insuffisante d’eau, parfois favorisé cette fois par une fièvre sans compensation hydrique, il peut aussi se produire lors de la prise de diurétiques ou simplement en cas d’incapacité à boire en raison de troubles de la conscience ou d’une diminution de la mobilité. Il s’en suit une déshydratation, les substances dissoutes dans le sang se concentrent ; cette concentration peut être mesurée par le taux de sodium plasmatique qui augmente. Elle est perçue dans le cerveau au niveau de l’hypothalamus par des récepteurs osmotiques, les « osmorécepteurs », ce qui déclenche la soif. Boire de l’eau pure permet de corriger cette surconcentration, ramenant l’état normal.
Lors d’une double perte d’eau mais aussi de sel.
Dans certaines circonstances, comme une activité physique intense sous la chaleur, on perd de l’eau mais aussi de sodium, expliquant de plus une forte envie d’aliments salés. Rappelons que le « sel » courant est composé du sodium (qui joue un rôle dans le contrôle de l’hydratation), et du chlore. Le double déficit en eau et en sodium peut aussi se produire lors d’hémorragies, de diarrhées ou de vomissements. Dès lors dans l’organisme, c’est le volume sanguin circulant (la volémie) qui diminue. Cette baisse de volémie est perçue au niveau des récepteurs de pression et de volume des artères et du cœur. Cette information remonte vers le cerveau par les nerfs vague et sympathique et aboutit aux centres de la soif, également dans l’hypothalamus, déclenchant la soif et l’appétit pour le sel. Mais ce n’est pas tout. Cette baisse de volémie est aussi particulièrement perçue dans les artères rénales, activant en retour le système « rénine angiotensine aldostérone », afin d’augmenter la pression artérielle abaissée par l’hypovolémie. Les vaisseaux vont ainsi se contracter, de plus le rein va récupérer au maximum le sodium de l’organisme, la soif et l’envie de sel vont s’accroitre encore plus.
En pratique.
A fortiori en périodes chaudes, il faut penser à boire régulièrement avant d’avoir soif, particulièrement chez les personnes âgées. Lors de la réhydratation, le volume d’eau bu sera d’autant plus élevé que l’eau est fraîche (de 5°C à 15°C), et que le goût de la boisson est perçu comme agréable. Il faut mettre à disposition des personnes âgées de l’eau facilement accessible, éventuellement aromatisées pour être attractives.
Une mention particulière concerne l’hydratation du nourrisson. Dans les climats tempérés elle est assurée par l’eau contenue dans le lait. Mais, dès que la température s’élève et le bébé doit transpirer pour préserver sa température normale un supplément proportionnel doit être fourni. Le système physiologique de soif est d’ailleurs mis déjà en place chez le bébé et il ne refusera pas le biberon d’eau qui lui est offert. Sa soif est un assez bon juge de ses besoins en eau. Toutefois une forte déshydratation peut diminuer sa capacité à réagir et à boire comme il se doit. Les signes de déshydratation chez le nourrisson son facile à détecter au niveau du pli cutané, des lèvres et de la langue. En cas de doute, avant de faire appel au médecin, on peut recourir à la pesée et à la prise de température qui s’élève en cas de déshydratation (‘fièvre’ physiologique). Un supplément d’eau et de sel est également nécessaire en cas de diarrhée.
Références
Ritz P. et al., The importance of good hydration for day-to-day health, Nutr Rev, 2005, 63, pp S6-13. doi: 10.1111/j.1753-4887.2005.tb00155.x.
Michael N Sawka MN et al., Human water needs, Nutr Rev, 2005, 63, pp S30-9. doi: 10.1111/j.1753-4887.2005.tb00152.x.
Armstrong LE et al., Thermal and circulatory responses during exercise: effects of hypohydration, dehydration, and water intake. J Appl Physiol (1985), 1997, 82, pp 2028-35. doi: 10.1152/jappl.1997.82.6.2028.